Q: Kvod haRav,
R: Cette prise de position, qui n’est autre que la thèse fondamentale du Karaïsme qui affirme qu’il suffit de la Loi Ecrite et que l’on n’a pas besoin de la Loi Orale pour la commenter, est évidemment problématique lorsque l’on passe à l’application des lois.
Comment savoir quand tombe le premier du mois et comment est fixé le calendrier ? Comment savoir quel est l’organe à trancher pour autoriser un animal à la consommation ? Quels sont les travaux interdits le jour du Chabbat ?
Je vous recommande à ce propos la lecture de deux livres :
– le livre du Kouzari de rabbi Yehouda Halevi, dont la dernière partie du troisième chapitre consacre un débat autour de ces questions
– le livre Kouzari shéni, écrit par rabbi David Nieto de Londres au 17e siècle, dans lequel est expliqué très longuement la nécessité d’une loi orale.
Cette Loi Orale est d’ailleurs supposée dans la Loi Ecrite elle-même, qui dit que lorsque nous avons un doute nous devons nous adresser aux maîtres du Grand Sanhédrine (Deut. 17, 8-11).
Il en est de même pour les lois de Noé. Lorsque la Thora dit qu’il est interdit de pratiquer l’homicide, comment être en mesure de savoir à quel moment l’avortement serait un homicide ? Qu’en est-il de l’euthanasie ? La mort cérébrale est-elle considérée comme une mort qui autoriserait l’enlèvement d’organes pour les transmettre à des personnes en danger, ou non ?
Il en est ainsi pour toutes les lois. Vous avez donc certainement besoin d’une autorité légiférante pour décider de ces choses là.
Vous mentionnez par exemple les lois de pâques. Or, tout le problème est de savoir de quel type d’étranger il s’agit. Est-ce le « guèr », à savoir le convertit au judaïsme qui est donc concerné par toutes les lois, ou est-ce l’étranger qui n’est pas entré dans la communauté d’Israël et cependant a droit à certaines considérations du point de vue des hébreux. A nouveau vous avez besoin d’une loi orale…