la sainteté marque le parachèvement de l’accomplissement de l’être humain
La sainteté existe un peu partout dans les traditions religieuses. Son équivalent en hébreu est la קדושה, or le risque de se tromper est grand. Il est d’usage de voir dans la sainteté quelque chose qui relève un peu de la mystique, quelque chose d’un peu magique, alors que le terme le plus approprié serait celui du sacré. Traditionnellement, dans le judaïsme il n’y a pas de sacré, mais l’on parle de sainteté. Celle-ci est la relation particulière que l’homme entretient envers son Créateur. L’on peut dire que c’est un état d’être dans lequel l’homme entre en relation directe, c’est-à-dire sans écran, avec le Créateur. Ce n’est pas du tout évident car depuis la création du monde un écran sépare le Créateur des hommes. Cet écran est tout simplement la nature. Toutefois, s’il y a des écrans de nature, il y a également des écrans au niveau de la mentalité. Il se trouve en nous, dans notre cœur, des opacités qui nous empêchent de rentrer en contact direct avec la divinité.
L’on pourrait dire qu’il y a tout un projet dans l’Histoire qui serait justement de rendre l’homme apte à cette rencontre. Il y a évidemment également des dangers. Ce n’est pas du tout sûr de rencontrer le Créateur, comme on le dit en hébreu, “face à face”. Il existe un risque d’effacement de la créature. C’est pour cela que le travail de la sainteté, dans la tradition, vient comme un parachèvement de l’accomplissement de l’être humain. Ce n’est qu’une fois que l’homme a réussi à être entièrement lui-même, une fois qu’il a réussi dans son entreprise morale, dans son entreprise de fidélité aux commandements de la Torah, que l’homme mérite son être. Donc lorsqu’il rencontre D.ieu, il ne disparaît pas, il ne fusionne pas avec la divinité, mais au contraire entretient un dialogue, ce que l’on appelle dans la Bible le “face à face” ou en hébreu “פנים אל פנים”.